
— Et une fois, reprend-il, au clair de lune, alors que je l’observais derrière les barreaux de ma cellule, il s’est approché de moi, sans un bruit. Alors, il a… porté la main à son visage… et a retiré son masque noir. Et derrière le masque…
Je constate que monsieur Bob est pris de tremblement et est sur le point de pleurer.
— Derrière le masque, il n’y a rien ! Son visage n’existe pas ! Ce n’est qu’un amoncellement de cafards qui grouillent. Les cafards tombaient par terre par dizaines. Et rampaient sur ma jambe, sous mes vêtements… partout ! Même dans ma bouche et mes oreilles ! Partout ! Et dans ma tête, dans ma tête, j’ai entendu “Il est l’heure de s’effondrer”.
Le Jugeôlier – mot-valise composé de “Juge” et “Geôlier” – incarne la némésis de la trilogie.
Ce personnage énigmatique est aussi cruel qu’imprévisible. Surgissant les soirs de pluie, il erre dans les habitations de Malgovert et exécute froidement les résidents qui ne respectent pas le couvre-feu.
La légende dit qu’il serait la réincarnation du veilleur de Malgovert, mort treize ans plus tôt dans la chapelle aux abords de la forêt.
Il ne parle pas. Il sifflote. Deux notes. Toujours deux notes : une basse comme une chouette, suivie d’une aiguë interrogatrice.
Ses attributs sont :
- Un chapeau haut-de-forme
- Un long manteau au col relevé
- Des bottes gorgées d’eau
- Un trousseau de clefs fabriquées à partir de doigts amputés
- Une montre à gousset
- Des gants blancs immaculés
- Une barge flottant sur l’Antéra, la rivière de la mort
Personne n’a vu son vrai visage. Réputé invincible, le seul moyen d’y échapper consiste à s’enfermer dans une pièce et d’attendre que la pluie cesse. À savoir : il n’ouvre jamais les portes…