Le marché de l’édition en France est très compliqué, et ce depuis longtemps. Les éditeurs sont sous pression ; les marges sont minuscules du fait de la présence de nombreux intermédiaires sur la chaîne de valeur : diffuseur, distributeur, partenaires, sous-traitants divers, etc.
Pour un éditeur, le risque d’avoir des invendus peut entraîner la faillite. Donc ils sont peu enclins à prendre des risques. Idéalement, ils aimeraient pouvoir publier un livre sans même l’ouvrir. Ils sont prêts à passer de bons auteurs (je ne dis pas ça pour moi ;), ils veulent avant tout sécuriser leurs ventes. Même si un ouvrage reçoit des critiques mitigées, ce n’est pas un problème pourvu que les ventes soient bonnes. C’est la seule manière pour eux de survivre.
Soumettre son manuscrit
Ce n’est que si l’éditeur est en bonne santé financière qu’il pourra être tenté de faire émerger de nouvelles plumes, en accord avec sa ligne éditoriale bien sûr. Mais le plus souvent, si vous n’êtes pas connu(e) et/ou si vous n’avez pas déjà publié, cela risque d’être assez compliqué.
Malgré le taux d’échecs pour les primo-romanciers, je ne suis pas du tout en train de dire qu’il ne faut pas tenter. Au contraire, ce serait dommage de louper une opportunité par manque de confiance. C’est comme une recherche d’emploi. Si une offre vous plaît, postulez ! Mettez votre syndrome de l’imposteur au placard et foncez. Alors il ne faut pas se réfréner ni se décourager : soumettez votre dossier (en direct) aux éditeurs pertinents. Alors cela nécessite quand même de cibler les bons éditeurs, et de se conformer aux exigences de la maison : genre, longueur, format, pièces complémentaires telles que le synopsis et la lettre de présentation, etc.
Les refus
Si on ne vous ne répond pas, ce n’est pas grave. Si vous recevez une réponse négative, ce n’est pas grave non plus. Avec un peu de chance, l’éditeur exprimera les raisons de son refus. Les raisons les plus fréquentes :
- Un mauvais ciblage (ligne éditoriale trop éloignée du manuscrit proposé, même si c’est rarement binaire)
- Le mauvais moment
- La maison est trop occupée
- La maison ne souhaite pas accueillir de nouveaux auteurs ou manuscrits (mesure souvent provisoire, parfois indiquée sur le site) ;
- Le pitch, synopsis ou manuscrit (genre, style, structure) n’ont pas convaincu la personne qui a feuilleté ;
- Votre mail de soumission est parti en spams.
À titre personnel, je ne me formalise pas et je passe à autre chose. J’évite de sursolliciter ou de supplier le destinataire. Si je reçois un refus (ce qui est déjà mieux que rien du tout), je demande la raison principale de leur décision (souvent, ils ne souhaitent pas détailler) et je n’insiste plus.
Les concours d’écriture
Je recommande la participation aux concours. Ils sont formateurs et permettent de se rendre visible. Personnellement, c’est en entrant dans le cercle des 5 finalistes (sur plus de 1000 candidats) d’un concours Thriller/Polar que j’ai enfin eu la confirmation du potentiel de mon roman Malgovert. Ça m’a remotivé, c’est sûr.
Auto-édition : avantages et inconvénients
Comme je suis impatient et touche-à-tout, je lance mon roman Malgovert cet automne en auto-édition. Voici mon ressenti sur ce dispositif :
Inconvénients
- Moins glorifiant/convaincant que les voies traditionnelles : on n’a pas le “tampon” qui assure que des experts valident la qualité du roman
- On doit s’occuper de tout soi-même (relecture, correction, conception graphique, communication…) ; on ne bénéficie pas de la force de frappe de la maison d’édition (réseaux, librairies…)
- Corollaire : davantage de coûts et volume de ventes souvent plus modeste (sauf si gros travail de communication)
- On reste souvent dépendants des plateformes d’auto-édition (Amazon KDP, Google Books, etc.) et de leurs politiques commerciales (négociations impossibles)
Avantages
- Certitude d’être publié(e) et ce, sans délai
- On garde la main sur tous les aspects du projet littéraire : identité visuelle, communication, prix de vente du livre numérique, etc.
- Potentiellement royalties plus élevées (mais à mettre au regard des coûts plus élevés et des ventes plus faibles) et paiements immédiats
- On bénéficie des services offerts par la plateforme d’auto-édition : référencement, statistiques, impression, logistique…
- Plus rapide de faire des mises à jour
Enfin, gardons en tête qu’auto-édition et maisons d’édition traditionnelles sont combinables. D’ailleurs, de nombreuses maisons lorgnent les statistiques de ventes des auteurs qui choisissent l’auto-édition…



